L’unique fois où j’ai dormi dans un cimetière, c’était au Vermont, en 2018. Ma journée de vélo avait été longue et il commençait à faire noir; c’était le seul endroit que j’avais trouvé pour planter ma tente. Je me suis installée dans un coin, près de la tombe d’une dame dont le mari était encore vivant. Je lui ai parlé un peu et, le lendemain, je l’ai remerciée de m’avoir laissé passer une nuit tranquille.
La plupart de mes souvenirs de cimetière sont liés à des voyages. Il y a eu mes visites de lieux iconiques, comme le Père-Lachaise, à Paris, ou Recoleta, à Buenos Aires. Et il y a eu les cimetières ruraux, apparus au détour de routes de campagne. Mes grands-parents eux-mêmes sont enterrés dans celui de leur village, à 400 km de chez moi. Je ne vais pas les voir assez souvent, et je ne suis pas la seule: d’après une publication du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, en France, 83% des adultes de 40 ans et plus ne dépassent pas 10 visites dans un cimetière par année.